journaux brésiliens – mai 2021

c’est une chance que d’être encore surprise par les possibilités de chemins distribuées autour de la colline. les chemins ne sont pas des découvertes qui se présentent par hasard. ils apparaissent quand on sollicite l’espace. je le crois de plus en plus, aller ici ou là, ça se travaille lentement. les pieds sur un chemin nouveau je pense comme c’est bien, de pouvoir emmener le chien ici, ainsi que mon propre corps. comme c’est bien, d’être surprise par ce bien, de le sentir scintiller à l’intérieur comme un léger carillon – ou peut-être une relique d’un certain esprit d’aventure, du désir enfantin d’inventer un monde (puis de le dominer). cette disposition soudain plus vive me fait penser à mon frère Lucas. notre rapport commun à la marche. avant mon départ au Brésil, il m’avait fait arpenter les sentiers du pays où nous avons grandi. là-bas aussi il est question de collines. on se glissait partout, dans les forêts, les ramières, les endroits non-défrichés, jusqu’à déboucher sur des grandes plages de rien, jusqu’à s’allonger près de la rivière et y jeter des cailloux. ici je n’ai pas vraiment d’allié autre que le chien dans ma curiosité de l’espace. j’ai demandé à J., mon voisin français, s’il connaissait le chemin là tout à gauche, derrière le dernier bâtiment du quartier. il y a une petite cabane au détour d’un virage, elle m’a fait peur. beaucoup de déchets à l’entrée. mais si on s’enfonce sans tenir compte du maigre sentier tracé entre les herbes, si on coupe en direction du lac, on débouche sur une clairière sans forêt, un bosquet d’arbustes sauvages, témoignage intact du cerrado en plein cœur de la ville. J. me dit je ne sais pas si moi j’oserais y aller seul, après la tombée du jour. c’est vrai que j’ai vu des traces de feu, alors parfois des gens doivent camper, cachés dans le matão. j’explique que je ne m’y engage qu’avec la lumière du soleil, je ne sais pas exactement pour rassurer qui (Piero me dit tout le temps que je suis folle d’aller là-bas, mais il n’insiste plus trop, je crois que ma pratique de l’extérieur a fini par tomber dans le champ du quotidien). un soir à l’heure dorée, j’ai ressenti une petite crainte, en croyant distinguer de la musique ; les plantes craquaient, on entendait bouger de partout, j’ai rappelé Ziggy et j’ai fait demi-tour. il faut certainement que j’achète une bombe lacrymogène. mais le chien sans laisse qui bondit dans la végétation dense, au milieu des arbres tordus, les branches comme frappées par la foudre, et la lumière qui se dépose telle une couche de poussière, et les grands bouquets de feuilles et de tiges – je me sens calme, là, toute seule. j’ai souvent envie de montrer ces endroits curieux à mon frère. je lui dirais tu ne trouves pas que c’est bizarre ? et il me répondrait ah si, c’est bizarre ici, et on serait tous les deux très contents, je ne sais pas exactement pourquoi.

*

ces derniers temps j’ai un souvenir ou une image qui à plusieurs reprises refait surface et que j’oublie aussitôt de noter. alors, pour la note : je suis sur les escaliers en pierre à l’arrière de notre maison d’enfance, sous les volets bleus, près de l’arrivée d’eau sur laquelle on branchait le tuyau jaune pour arroser l’herbe. je suis petite, à cet âge j’éprouvais un certain respect à l’égard de cette arrivée d’eau, difficile à ouvrir et à fermer, et aussi pour le tuyau enroulé sur les cailloux, qui ressemblait à un serpent jaune endormi. dans le souvenir Maman est là, il me semble qu’on se raconte des histoires, histoires dans lesquelles je suis une princesse, et qu’il faut un prince charmant. je ne sais plus qui d’elle ou moi parle de G., le fils de ma nounou, beaucoup plus vieux que moi, en insinuant qu’il pourrait être mon prince charmant sur son cheval. l’image d’un adolescent sur un cheval blanc me semble très claire, comme si je l’avais travaillée pendant longtemps. étais-je amoureuse, à 3 ans, 4 ans ? de la même époque, une autre image, celle d’être chez cette nounou qui s’appelait je pense C., de vomir sur le carrelage de sa cuisine et qu’elle me tienne les cheveux.

*

Piero donne cours toute la journée alors je passe l’après-midi avec le petit et le chien. d’habitude Heitor ne vient pas avec moi en promenade, parce que c’est difficile de lui tenir la main pour traverser la route et de l’autre tenir la laisse, et aussi parce que je vais un peu n’importe où. cette fois-ci je l’emmène dans le mato et ça le fait beaucoup rire. être là avec lui et de le voir courir hors du chemin me confirme ce que je sentais de manière confuse : c’est l’aventure. après une heure tout le monde est fatigué, Heitor demande à aller dans mes bras et je ne veux pas dire non alors j’essaye de l’installer sur ma hanche et de porter le poids de son petit corps de 4 ans sur mon bras gauche, tandis que le droit tente de contrôler Ziggy. en tout je dois avoir plus de 50 kg accrochés à moi, ce qui est bien plus que mon propre corps. là tout contre mon oreille il me chuchote gostei muito de hoje, sabe? et mon cœur s’ouvre, l’ouverture est plus grande que le cœur lui-même, gostei também amorzinho et je dois faire une pause pour réarranger tout le monde et les ramener à la maison.

*

parfois le monde continue là où on ne l’attend pas. par exemple, quand le chien mange le câble d’alimentation de l’aspirateur et qu’on décide un samedi matin de le faire réparer dans une petite boutique, dans une rue où je ne suis jamais allée, et que l’endroit me fait penser aux magasins de Belleville où l’on trouve toujours tout ce que l’on cherche, où il est possible d’acheter un poster de jésus et si on le fait bouger l’image change et jésus se transforme en loup hurlant sous la pleine lune. l’aspirateur est réparé en quelques minutes. je sens que quelque chose m’a rassurée, qui n’a rien à voir avec l’aspirateur, mais plutôt avec le fait d’avoir vu, l’espace d’un instant, la continuité du monde.

*

le silence est le revers blanc de l’ombre. il sature la pièce entière. parfois clair comme une lame, d’autres lourd comme un soleil, une lumière gluante. qui me contamine. je ferme les yeux et me parle à l’intérieur, mais quand vient le moment de tourner la tête toute tentative de dire me semble brusquement inutile et la nécessité de parler s’éteint. pourquoi je crois toujours que parler va me sauver. c’est comme si on m’avait donné quelque chose et qu’elle avait enflée jusqu’à ce que je ne sache plus ne pas en faire usage. il doit y avoir un silence juste. peut-être faut-il apprendre à avoir recours au silence comme aujourd’hui j’ai recours à la parole. à compter sur lui. peut-être qu’il y a un silence ami, frais comme le repos à l’ombre. mais allongée la tête sous les herbes blondes, le corps du chien sur mes genoux, je laisse le silence chaud et sec s’abattre sur moi et me brûler les yeux.

*

le soir quand après une longue dispute un accord tacite de tendresse glisse sur nous presque sans prévenir et que la tendresse devient désir et que le désir m’enveloppe toute entière et qu’il dilue les limites du corps ; alors tout ; oublié, rebattu, mis à jour. je suis là. je n’ai peur ni du silence, ni du mouvement des ombres, soudain je sais m’en servir.

*

quand le matin se lève et que je me réveille naturellement avant et qu’il n’est pas encore l’heure, je reste longtemps dans la chaleur du lit, ces derniers jours tu dors toujours tourné vers moi et je t’embrasse doucement le visage et le cou, tu dors profondément, j’ai hâte que tu te réveilles et que tu me racontes tes rêves.

*

le problème quand on découvre de nouveaux chemins, c’est que plus on les emprunte, plus on les trace. qu’on les rend visibles et que d’autres personnes, remarquant le sillon d’herbes couchées au milieu des herbes intactes, s’y engageront peut-être. et que Ziggy (à présent dans la période problématique de l’adolescence canine) leur sautera dessus. la question de ce que ma présence altère ne me quitte jamais. l’autre jour, c’est arrivé, il n’était même pas 8h et j’ai vu deux silhouettes à l’extrémité du sentier. heureusement c’était un couple que je connais, ils sont gentils, ils ont un chien, leur chien est sage. le mien est devenu littéralement fou en les voyant, il ne pouvait pas s’arrêter de bondir, d’essayer d’attraper leurs chapeaux, leurs masques, leurs lunettes, et les pauvres silhouettes (j’étais aveuglée tout le long à cause du grand soleil de 8h) criaient ta tudo bem, ta tudo bem (ils sont gentils, connaissent les chiens, etc.), mais Ziggy ne se calmait pas et j’ai dû le plaquer au sol, et ils ont fini par sortir des herbes hautes. j’avais terriblement honte. quelques jours plus tard, Ziggy a essayé de voler le masque d’un petit garçon et l’enfant a eu mal, il a crié. cette fois-ci, la honte était si grande que j’ai pleuré des larmes très chaudes en trainant le chien jusqu’à la maison. c’est une période, ça va passer. on fait des exercices d’obéissances mais l’obéissance est aléatoire. les chemins aussi sont capricieux et laissent des marques sur mes jambes. des morsures d’insecte, de branches, des traces de terre rouge qui sont difficiles à faire sortir, et surtout une étrange réaction allergique (ça ressemble à l’eczéma que j’avais il y a longtemps). le corps ainsi endommagé je me souviens de mon amie N., chez qui j’allais tous les week-ends quand j’étais à l’école primaire, et dont les parents produisaient du fromage de chèvre. on jouait de longues heures dans la grange au milieu des bêtes, la paille nous griffait les genoux, et la nuit dans sa chambre il y avait beaucoup de moustique et d’araignées, nous étions couvertes de piqûres.

*

devrais-je renommer ces journaux les journaux de Ziggy ? j’ai trouvé un nouvel endroit que j’appelle désormais son royaume. en vérité je fais exactement comme mon père, qui a trouvé sur les hauteurs de son petit village un royaume où lâcher Ulysse, notre berger allemand. à mesure que le temps passe, mon père reste de plus en plus longtemps dans le royaume du chien. d’abord une heure puis deux puis trois. il s’assoit par terre et regarde des vidéos sur Youtube. je ressemble énormément à mon père. au Brésil le royaume de Ziggy est une petite clairière de terre sèche cachée derrière un bâtiment de l’université et un champ d’herbes hautes, au creux de laquelle nous sommes cachés du monde. je m’assoie par terre, moi aussi, avec un livre ou mon téléphone, et je laisse le chien vagabonder, renifler chaque parcelle de sol, explorer le champ, ronger des bâtons. parfois j’étale une nappe et regarde le ciel, le vol plat des vautours, jusqu’à ce que le chien devienne inattentif au mouvement des herbes et des fourmis et s’allonge près de moi. en ce moment j’ai dans la main la Don Quichotte de Kathy Acker. c’est difficile, ça résonne de manière trop sérieuse ces histoires de chien, d’amour, venues mettre violemment à jour ma manière d’aimer, de rechercher l’amour des autres, et je me découvre à chaque fois heurtée, excessive, sans issue de calme, je ne cesse de faire cette découverte, alors que je suis là sans bouger, dans la petite clairière.

*

nous sommes allés avec Heitor au zoo de Brasília. je déteste les zoos mais, en pleine pandémie et répétition morose du quotidien, on ne prive pas un enfant d’une chose nouvelle. il fait un soleil très lourd, presque insupportable passées 10h, le zoo est en travaux, ce n’est pas comme dans les souvenirs de Piero, presque tous les animaux se cachent à cause de la chaleur. ce que j’ai le plus aimé, ce sont les capybaras, par dizaines, des petits, des grands, se roulant dans la boue au bord du lac, dans l’endroit réservé aux singes. ils sont tellement mignons que ça me fait mal au cœur. un peu plus loin, nous observons la panthère dormir seule sur son île, son corps de fauve allongé à l’ombre des feuillages, et c’est probablement une des choses les plus belles et les plus tristes que j’ai pu voir dans toute ma vie.

 *

je disais il y a quelques jours ou semaines ; la question de ce que ma présence altère ne me quitte jamais. pourtant dans cette vie réduite, repliée sur le foyer, les habitudes, des lieux limités, j’oublie assez facilement mon corps. je veux dire : la féminité de mon corps. cohabiter avec mon corps m’est facile. j’ai presque oublié les terreurs qui plus jeune pouvaient m’assaillir. à présent, je trouve que mon corps est relativement beau, je trouve qu’il fonctionne bien, nous sommes bien ensemble, je peux le faire courir, manger, dormir, jouir, tous les gestes, j’ai la chance d’avoir rarement mal quelque part, de n’avoir ni nausées, ni règles douloureuses, ni aucun trouble physique, alors j’oublie ou je n’y pense pas. dans cette vie réduite je me rends mieux compte de la violence. le corps est soudain rappelé à lui-même. quand la vie est normale et pleine, cette violence se fond dans le torrent d’autres violences et on s’habitue. à présent la violence du regard des hommes, d’autant plus aiguë qu’elle est devenue rare, me sort brusquement de mon rapport au monde comme d’un rêve infantile et me force à penser mes seins, mes fesses, mon sexe. quand je suis regardée je n’ai pas d’autre choix que de m’en souvenir. et je me sens souvent bête d’avoir oublié, comme si j’avais commis une faute, de courir à côté du chien, sans penser au fait que ce corps en train de courir, ce n’est pas uniquement le mien, mais le corps d’une femme. je me sens comme prise en faute, comme si je me croyais encore enfant. quand je passe près du bar en bas de chez nous il y a parfois des hommes attablés, et à deux reprises déjà l’un d’entre eux a utilisé l’excuse du chien pour me parler. l’autre jour j’étais habillée en beige et en marron et il m’a dit que j’étais assortie au chien, et j’ai senti mes vêtements dessiner mon corps, le t-shirt était serré et court, j’ai tout de suite su qu’il n’avait pas exactement regardé ma tenue et qu’avec cette phrase anodine, il me signalait non pas la coïncidence des couleurs mais bien la possibilité souveraine de son regard sur mon corps (il n’aurait jamais fait cette remarque à un homme promenant son golden retriever).

*

une autre fois, nous sommes près du parc pour enfant, et j’avais lâché Ziggy pour qu’il joue avec un camarade. évidemment il se précipite non pas vers le chien mais pour voler les chaussures d’une dame assise sur un banc. je l’ai déjà croisée, elle est hispanophone, son regard est très doux, bienveillant, plein de rire. les gens ici me disent toujours que ce n’est pas grave quand Ziggy leur saute dessus, quand il essaye de voler leurs masques et je ne les crois pas, c’est juste une fausse politesse. quand il a dérobé ses chaussures, elle a éclaté de rire et a voulu lui courir après pour m’aider, elle m’a dit elle aussi que ce n’était pas grave, que Ziggy était trop mignon, elle riait beaucoup. elle je la crois, contrairement aux autres. le ton de son rire. ce jour-là j’ai eu envie de la remercier et de lui dire qu’elle était belle, là, en train de récupérer joyeusement sa chaussure dans la bouche de mon chien, que ses enfants étaient beaux et gentils. mais ensuite son mari est apparu et a posé trop longtemps ses yeux sur ma poitrine, et alors je m’en suis voulue, de ne pas avoir tenu le chien en laisse, d’avoir été naïve, évidemment qu’il allait se faire remarquer.

*

pour la première fois j’ai vu dans le mato des sauterelles géantes. elles font la taille de ma main ouverte et sont entièrement noires. leurs yeux sont énormes et noirs aussi. je ne n’ose pas m’approcher pour les prendre en photo. il y a beaucoup de choses terrifiantes dans les herbes hautes. quand Ziggy fouille un peu trop longtemps à un endroit précis, je commence à avoir peur qu’il puisse trouver un cadavre ou quelque chose d’horrible, puis il ressort avec un air de triomphe et dans la bouche un simple gant de travail.

*

vers la fin de mai, je reçois par la poste les épreuves de Perdre Claire, et la même après-midi des grandes fleurs jaunes se sont ouvertes dans la petite clairière. je pense à mon amie, à tout ce qui est jaune.

*

ce mois-ci j’ai beaucoup songé à ma vie d’avant, ma vie de Paris, comme je voyais beaucoup de monde, nos bars préférés, mes longs trajets à pied par peur du métro, mon tout petit appartement. comme la vie est lointaine. il se passe si peu de choses à présent, et pourtant rien ne s’épuise. je me demande toujours quand ça s’épuisera, mais le monde semble un puits sans fond de matière, d’événements. nous sommes allés à la manifestation du 29 mai, c’était bien d’être dehors, soleil de plomb et larmes aux yeux, c’est pour ça aussi que j’ai pensé à Paris, aux lacrymogènes des manifestations du premier mai. c’est toujours difficile d’aller manifester car je crois qu’au lieu de me donner de l’espoir, ça me décourage. il y a ce côté dérisoire des banderoles et des cris, et je devrais sentir que nous sommes ensemble, que nous allons luter, mais je sens exactement le contraire. la séparation. je crois que Piero est comme moi, ça n’aide pas, que nous n’avons pas en nous cet espoir et ce lien. on pense tout les deux que face à la menace fasciste il faut jeter des bombes ou organiser des assassinats ciblés, mais d’un autre côté, on ne le fera jamais, enfin je ne crois pas, parce que tout est éparpillé et qu’il est tellement difficile de tomber d’accord avec quelqu’un, parce que tout slogan semble faible et toute action dit déjà autre chose, et qu’une fois dans la foule je n’arrive pas à crier, parce que ma voix ne sort pas et que je n’y crois pas tout à fait et alors je sens que tout est déjà perdu. je voudrais croire. et lutter. mais ici encore plus qu’en France, toute tentative d’organisation de la colère glisse hors de mes mains et quand je serre le poing, mon poing me semble vide.

*

j’ai remarqué récemment, quand il y a un bruit très puissant, par exemple une détonation, le son mal réglé d’une enceinte ou le chien qui aboie tout près de mon oreille, alors l’espace d’une seconde je suis violemment aveuglée, comme par une très grande lumière. aussi, ça m’est arrivé plusieurs fois, quand j’écoute de la musique dans mes écouteurs et que quelqu’un dehors m’adresse la parole, j’ai le réflexe de retirer le masque qui cache ma bouche afin de mieux les entendre. parfois je pense que je confonds tout, qu’en moi tout se mélange, et de plus en plus.

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s

%d blogueurs aiment cette page :
search previous next tag category expand menu location phone mail time cart zoom edit close